Le Projet Foehn
Le Projet Foehn... Un truc de ouf (comme dirait l'autre).
Le plus dur c'est de préciser d'où l'idée est partie. D'un côté je voulais un grand cerf-volant (au moins 2m50 d'envergure), dont je ferai la conception de A à Z (pas tout a fait A, on ne réinvente pas la roue quand même !!), et qui soit précis et propre en trajectoire pour faire de la précision. Puis une idée en amenant une autre, je me suis dit que ça serait un bel outil pour faire du team... donc il en faudrait plusieurs et pour des potes afin qu'on se retrouve le plus souvent pour voler ensemble. Bref, comme cahier des charges c'était pas mal. Mais non content de vouloir un grand bazar, je voulais aussi qu'il puisse faire des figures de freestyle et pas que celles de base. Enfin, je voulais quantifier, au travers de ce projet, le parcours à suivre pour fabriquer plusieurs cerf-volants identiques (mais différents) depuis la table à dessin, en passant par la commande du matériel et le chiffrage du prix, puis la construction, jusqu'à la livraison... tout en restant un amateur content de satisfaire ses potes.
Voilà comment j'ai pu commencer...
En m'aidant de cotes de grands cerf-volants disponibles sur le Net tel que l'Asmara et le Telica de Skyforce (malheureusement le site de Skyforce a disparu du net, mais les plans sont encore visibles sur le site Kite Plan Base), j'ai jeté les premières bases du bestiau. Au départ, je voulais des bords d'attaque de 165cm pour les faire en Skyshark et éviter de couper les barres. Puis finalement, au vu de l'ouverture du cerf-volant, de tels bords donneraient une envergure trop grande (du genre 2m75). Un cerf-volant a une telle envergure, le Transfert Xt-S de l'Atelier... mais je n'ai pas l'expérience pour aller concurrencer une telle machine (très plaisante à faire voler, d'ailleurs). Bilan, les bords feront 160cm environ et l'envergure entre 2m55 et 2m60.
La deuxième étape a été d'évaluer le creux de la voile. Avec des montages en papier et un peu de trigonométrie de base (j'aurais bien voulu faire ça dans un logiciel de CAO 3D... mais trop compliqué pour moi), j'arrive à un résultat et des proportions satisfaisantes qu'on retrouve dans certains cerf-volants de freestyle. Le dilemne, s'il y en a un est : il faut une voile pas trop profonde pour que le cerf-volant reste bien en pression sur toute sa trajectoire, même s'il doit être tractant, mais la voile doit être suffisament profonde pour qu'on puisse déventer l'oiseau sans avoir les bras de Musclor.
Avec tout ça j'ai pu tracer les grands traits de la voile. Puis on passe aux "finitions"... Pour le bord d'attaque, il faut prévoir une légère courbe. au début je ne savais pas trop pourquoi, mais comme tous les plans étaient ainsi fait... A l'usage, j'ai découvert à quoi ça servait : à mettre sous tension le carbone dans le bord d'attaque et donc de le rendre un poil plus rigide. Pour le bord de fuite se fût une autre histoire.
Comme je ne voulais pas un cerf-volant trop tractant, il fallait une voile peu toilée. Mais une voile peu toilée, étant moins en pression, est imprécise. alors pour compenser, il fallait ajouter des palettes. Pourquoi faire des palettes comme tout le monde, autant faire des palettes arrondies. Et là je rends à César (ou plutôt Tonton Alain) ce qui lui appartient. Car c'est en lisant son site (malheureusement disparu aujourd'hui) que j'ai pu lire pourquoi il avait fait d'aussi grosses palettes pour le Rialto. En regardant de plus près, je trouvais original la rondeur des palettes. Quoique celles du Rialto font penser un peu à des rames, celles de mon cerf-volant seront discrètes mais arrondies. Je trouvais un autre avantage à cette forme : ça ne bloquera pas les lignes en cas de cramponnage. Et là on commence à avancer...
Puis je suis tombé sur le site de Ian Newham et des son Thornback. Le plus intéressant était sa vision de la conception et le côté rationnel qu'on peut donner à chaque modification d'un cerf-volant.Du coup, pour dessiner le bord de fuite, je suis parti de la longueur (estimé) de la spine. Puis j'ai placé grosso-modo la zone de ma croix centrale et enfin, avec les petits montages en papier, j'ai regardé où pasaient à peu près les vergues. Et donc où devait passer le bord de fuite pour rester tendu par les wiskers. Donc à ce niveau j'ai un point de départ, un point d'arrivée et deux endroits approximatifs de passage. Comme je ne veut pas un "truc" trop toilé, je rogne ou je peux, un peu au niveau de la quille (mais pas trop pour qu'elle garde son rôle de gouvernail) et surtout au niveau des pointes d'ailes. Je voulais savoir ce que ça pouvait faire d'afiner au maximum les pointes d'ailes. Je ne prenais pas trop de risques, vu que j'avais prévu des palettes... mais quand même... il s'avéra que ce choix fût judicieux car cela facilite les enroulements en yoyo... comme quoi... fallait le faire. Bref le bord de fuite est dessiné, passons à la suite.
Hop on place grosso-modo les ouvertures pour les connecteurs de bord d'attaque (on réajustera pas la suite). Et on passe au panneautage.
Il fallait un panneautage original, mais pas trop compliqué ou constitué de trop de pièces, car trop fastidieux à monter ensuite. Et puis il fallait mettre un peu de magie et de mystique dans tout ça pour que ça vole...
Et boum voilà le premier résultat, le prototype du Foehn... surnommé la "choppe de bière", c'est dire la convivialité qui anime ce projet !
Le jour de son premier vol, il n'y avait pas de clip aux connecteurs de bord d'attaque, les wiskers avaient été placés "à l'arrache", le bridage était plus qu'approximatif ... et pourtant il a volé et même très bien. Ce fût un moment de pur bonheur.
Voici comment il a été fait :
... oui je sais, je cale mes panneaux avec de que j'ai sous la main... désolé!
Et voilà le résultat !
Et puis il a fallu en fabriquer 8... et oui 8... mais seulement 8. Au départ je ne comptais en faire que 5... mais des gugus se sont ajoutés à la "commande". Bref 15 jours de boulot sans se faire trop mal.
Puis ils ont été livré. Là encore ce fût beaucoup d'émotion.
Le mien s'appelle "Zinzolino"
Et voilà, c'est la fin du projet. J'en ai tiré beaucoup d'expérience, d'informations et d'astuces. Même si le projet m'a passionné au plus haut point, je ne ferai jamais professionnellement de la fabrication de cerf-volant, ma famille ne le supporterait pas et mon travail officiel non plus. Aussi je reste un petit constructeur amateur mais éclairé.